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La décroissance a gagné en popularité depuis l’été dernier où les feux et les hautes températures nous ont rappelé que le changement climatique est déjà là. Ce terme regroupe une réalité qui va au-delà de réduire la croissance.
La décroissance questionne la mesure de performance de notre monde via le taux de croissance et demande de mettre un cadre à la productivité dans les limites planétaires, ce qui implique de ne pas chercher à tout prix à croître économiquement voire de réduire. Au-delà de “simplement” réduire, ce concept remet en cause l’idée selon laquelle la croissance est la solution à tous les problèmes sociaux et écologiques. En effet, il a été démontré que la hausse du PIB ne s’accompagne pas automatiquement d’une augmentation du bien-être. De plus, pour se soutenir, notre système capitaliste basé sur la croissance doit croître infiniment, ce qui n’est scientifiquement pas possible dans une planète aux ressources finies.
Le concept de décroissance est apparu dans les années 1970 avec le livre de Nicholas Georgescu-Roegen “The Entropy Law and the Economic Process” et avec le rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance. Il contrevient à l’idée de développement durable : pour Georgescu-Roegen, le concept de développement durable est nuisible, car il est possible de continuer de produire autant voire plus en préservant la planète grâce au progrès technologique tel que le recyclage.
Les défenseurs de la décroissance prônent une démarche volontaire de “simplicité”, qui rappelle l’idée de sobriété volontaire.
La sobriété volontaire
La sobriété volontaire est une adepte de la modération. Elle vise à réduire sa consommation de biens et services ainsi que de l’utilisation de ressources naturelles tout en gardant un certain niveau de vie acceptable. Il s’agit d’améliorer son bien-être en consommant moins et de satisfaire nos besoins essentiels en utilisant moins de ressources. La sobriété volontaire apporte de nombreux bénéfices, par exemple, baisser le chauffage permet de réduire ses factures d’énergie. On retrouve donc la décroissance dans la sobriété volontaire, car les deux concepts cherchent à préserver nos ressources et à satisfaire nos besoins essentiels. La différence que je voie est que la sobriété volontaire est focalisée sur l’individu alors que la décroissance vise les systèmes économiques à l’échelle d’un Etat ou d’une entreprise (voir mon article sur les post-growth companies).
Comment appliquer la décroissance ?
Les solutions présentées par les défenseurs de la décroissance rejoignent celles proposées par la transition écologique. Néanmoins, il n’y a pas de cadre cohérent. Dominique Bourg admet que “Tout le monde tâtonne là-dessus depuis dix ans et on n’a pas encore la réponse. Le design d’une société compatible avec la durabilité de la Terre est quelque chose qu’on doit encore créer et qu’on n’a pas devant nous”. Voici tout de même quelques propositions intéressantes :
- L’éco-conception et analyse du cycle de vie,
- La permaculture et l’agroécologie,
- Une TVA différenciée en fonction de l’utilisation et de la nécessité, par exemple, taxer plus l’eau du lavage de voiture que celle qu’on boit,
- Un quota carbon,
- Une taxation des hauts revenus pour plus de justice sociale,
- L’instauration d’un revenu universel,
- La réduction du temps de travail pour s’investir dans l’art, la culture ou cultiver les relations interpersonnelles,
- La low tech,
- Les circuits courts, la seconde main,
- La mesure du bien-être autre que par le PIB,
- La démarche participative comme les assemblées citoyennes
- Pour les entreprises, voir mon article sur les post-growth companies etc.
(Sources des actions : Youmatter et FranceTV)
Beaucoup de ces solutions sont déjà expérimentées à petite échelle. Le problème est de les propager au niveau d’un Etat.
Il y a de nombreuses critiques venant principalement des apôtres de la croissance. L’une d’entre elles est celle sur le maintien de la pauvreté. La décroissance empêcherait les pays pauvres de se développer. Comme je le mentionne plus haut, un PIB qui croît n’amène plus automatiquement un meilleur bien-être. De plus, personnellement, les pays pauvres vont être également confrontés aux limites planétaires s’il n’y a pas une meilleure répartition de l’utilisation de ressources. Les défenseurs de la décroissance clament que leur doctrine s’appliquerait en priorité aux pays riches afin que les plus pauvres aient ainsi assez de capital naturel pour satisfaire leurs besoins primaires.
Finalement, la décroissance remet en question notre modèle capitaliste qui a pu amener des améliorations dans les conditions de vie, mais qui n’est plus applicable dans un monde où la résilience doit régner.
Ana
Je suis une chargée de projet en durabilité à la recherche d’opportunités d’emplois. Si vous désirez engager une personne engagée et compétente, contactez-moi !